Lorsque l'adolescente nocturne fut arrivée devant la cabane dont la seule issue sur le dehors était une porte si exiguë que seul un corps glorieux aurait pu se glisser dans son ouverture, elle entendit dans le silence de l'aube, sangloter à l'intérieur celui qui la pleurait comme on pleure les morts.
Et elle frappe à la porte et la voix demande de l'intérieur :
_Qui est à la porte ?
Elle répondit :
_C'est moi.
Alors, il y eut un grand silence, et les arbres eux-mêmes cessèrent leur murmure et ne laissèrent plus fuser les premières notes des oiseaux chanteurs.
Mais la voix ne répondit pas de l'intérieur et la porte exiguë ne s'ouvrit pas ...
Alors l'adolescente s'enveloppa du voile de la méditation et, sans une plainte, sans un soupir, elle s'étendit à terre devant la porte.
Et toute la journée et toute la nuit, elle resta étendue, la tête enfoncée dans le voile de la méditation, et elle mûrissait ainsi en son coeur la notion essentielle qui veut que les privilégiés de l'amour meurent d'abord complètement à eux-mêmes avant de se présenter devant l'Amour.
C'est pourquoi, prête désormais à aborder la porte, elle se leva et alla d'abord s'abluer à la rivière, puis d'un pas assuré, elle revint vers la cabane et heurta la porte.
Et la voix demanda de l'intérieur :
_Qui est à la porte ?
Et l'adolescente répondit :
_C'est toi.
Et la porte s'ouvrit d'elle-même ...
Et le reste est le mystère des privilégiés de l'Amour ...