Message posté le 20-04-2007 à 17:09 Auteur: GageRassure-moi, comment on détermine l'arrêt circulatoire si on ne prend pas le pouls (carotidien, c'est plus facile à trouver)
Par l'arrêt respiratoire. En effet, la prise de pouls n'est pas indicatrice dans le cadre de l'AFPS : le secouriste n'étant, par définition, pas professionnel, il va se stresser, et sa fréquence cardiaque va augmenter ainsi que son volume d'éjection. Il a ainsi de grandes chances de prendre son propre pouls. L'autre écueil, c'est tout simplement de ne pas trouver un pouls. Parce que si tu ne l'as pas revu depuis un an, tu es mal barré pour chercher un pouls pédieux en urgence. Résultat : on n'a pas de résultats très différents selon que le type est ou non en arrêt circulatoire, ce qui est gênant pour un examen.
On détemine donc l'arrêt cardiaque en fonction de la respiration, en fonction des principes suivants :
En cas d'arrêt respiratoire prolongé, le coeur peut s'arrêter par manque d'oxygène. En tout cas, il souffre. Par ailleurs, il est facile d'identifier l'arrêt respiratoire : si tu vois une personne porter les mains à la gorge, essayer de tousser, rougir et s'évanouir, tu penses à un arrêt respiratoire. Si le mec fait une overdose de morphine, c'est un poil plus compliqué mais ça n'arrive pas tous les jours.
Le secouriste sait donc qu'il a affaire à un arrêt respiratoire et ne pratiquera pas de massage cardiaque.
Dans le cas d'un arrêt cardiaque, par contre, le premier signe est la perte de conscience par manque de nutrition du cerveau. Le manque d'oxygène (ou hypoxie) provoquerait une augmentation de la fréquence respiratoire, mais là, elle s'arrête. La raison en est que la commande cérébrale de la respiration est en standby par manque de nutrition.
On sait donc qu'en cas d'arrêt respiratoire sans signes extérieurs, on pratiquera un massage cardiaque.
Partant de ça, que dit la formation AFPS ? Elle dit la chose suivante : si vous trouvez un type inconscient sans autres signes et ne respirant pas, massage cardiaque et bouche-à-bouche. (s'il respire, PLS). Si vous voyez quelqu'un s'étouffer, c'est le plus souvent une obstruction des voies aériennes et il faut les désobstruer (manoeuvre de Heimlich en cas de corps étranger, Ventoline en cas de crise d'asthme, mais l'AFPS ne parle que de la manoeuvre de Heimlich). Vous remarquerez la logique de la formation : le massage cardiaque ne permettant pas de reprendre une activité cérébrale permettant la reprise de la respiration, il faut oxygéner par le bouche-à-bouche. Pour info, un massage cardiaque avec bouche-à-bouche, bien fait, rétablit 2% de la circulation cérébrale. Autant dire que ce n'est suffisant que pour survivre sur un temps court (45 minutes au mieux)
Il y a enfin le cas de l'accident traumatique (souvent de la route) avec section de la moelle cervicale, qui va provoquer un arrêt respiratoire par destruction des voies nerveuses commandant la respiration sans arrêt cardiaque, et ce cas n'est pas traité à l'AFPS : le type fera un massage cardiaque inutile, risquant de briser des côtes. Mais le mec avec une moelle cervicale rompue est déjà mal barré et condamné au respirateur à vie, alors on préfère ne pas traiter ce cas et faire un peu trop de massages cardiaques plutôt que de courir le risque que des gens qui en auraient besoin ne bénéficient que d'un bouche-à-bouche.
mais c'est vrai que c'est un peu idiot: un médecin -surtout avec 1/8e de sa formation- n'est pas forcément secouriste...)
Effectivement, on peut le dire : il n'est pas secouriste. La première année est plus orientée vers les 80% qui vont se planter et aller en licence de bio que vers les 20% qui vont réussir : c'est donc une année de licence de bio orientée médecine. Par contre, dire qu'un médecin n'est pas secouriste est une erreur : tous les étudiants passent le concours de l'internat, qui comprend des questions de réanimation en tre autres. Or, la réanimation, c'est complètement du secourisme. Par ailleurs, il est fréquent de faire des stages en réanimation ou en service médicalisé d'urgence réanimatoire (SMUR : administrativement, un SMUR est un véhicule dépendant d'un SAMU ou service d'assistance médicale urgente).
Message posté le 01-02-2007 à 03:19 Auteur: GagePour le témoignage, ça me paraissait normal, c'est bien beau de débattre sur du vide, mais ça débouche souvent sur du vide...
Je m'aperçois que je n'ai pas traité de l'addiction aux FPS. Elle suit les grandes lignes de l'addiction aux MMORPG, avec quelques différences : le progrès dans un FPS n'est pas lié au temps de jeu (ou peu). On progressera autant en jouant 2heures ou 6 heures par jour (j'en vois qui sursautent, sachez que j'avais arrêté d'aller en cours et qu'il m'arrivait de passer 10 heures sur WoW en un jour : 2-3 heures dans l'après-midi, activités en guilde de 20h à minuit, puis collecte de ressources jusqu'à 2-3 h du matin). C'est faux sur un MMORPG, du simple fait qu'on accumule des ressources pendant le temps de jeu, en fait on joue en permanence la même partie, alors que sur un FPS on recommence une partie à chaque fois.
Par contre, la notion de plaisir immédiat (et même animal, d'un certain côté) est vraiment prégnante dans un FPS. Cela dit, il me faudrait des témoignages d'anciens accros de FPS, sinon, je vais moi-même partir dans le débat sur du vide que je dénonce plus haut.
Enfin, pour les jeux se jouant en équipe, la notion de communauté est aussi importante que dans les MMORPG, dans la mesure où on est souvent très proche de sa "team". Je vais y revenir.
Par contre, quand un joueur devient professionnel au point de vivre de son activité de joueur, on sort pour moi du phénomène d'addiction pour entrer dans celui du sport : la compétition, les gains d'argent, tout cela fait que l'on ne peut plus selon moi parler de dépendance, qui se caractérise par sa dangerosité, notamment en termes de désinsertion sociale : le jeu, pour un professionnel, est justement un élément socialisant, comme l'est tout emploi (et ce, indépendamment de la nature de l'emploi).
Pour revenir sur le phénomène de la dépendance, je pense qu'on faire des parallèles avec d'autres conduites addictives, et qu'on peut aussi souligner quelques différences :
Le noyau dur de l'addiction aux jeux est essentiellement phsychologique : il n'y a pas de dépendance physique, en dehors d'un éventuel décalage du cycle veille/sommeil qui s'annule facilement et qui relève plus de l'effet indésirable que du manque. La solution sera donc d'ordre psychologique : prise en charge par un professionnel si besoin est, prise de conscience (primordiale) de la dépendance, aide de l'entourage, et, effectivement, adoucissement du milieu extérieur. Il ne me paraît pas surprenant qu'un jeune dont les parents sont en train de divorcer, s'engueulent tous les soirs, qui est en permanence malheureux en amour et a de médiocres résultats scolaires sombre dans une telle dépendance. Le pire, c'est que la dépendance ne va faire qu'aggraver ses problèmes extérieurs. Ce n'était pas mon cas : ma famille va très bien, et je venais de réussir un concours difficile quand j'ai commencé à jouer à WoW. C'est peut-être ce qui m'a aidé : avoir un monde acceptable comme porte de sortie.
Il y a, effectivement, en commun avec les drogues chimiques, ou les addictions autres, le sentiment d'un monde meilleur dans l'addiction : même si, dans un FPS, on passe le plus clair de son temps à se prendre des balles dans la tête, on a des coéquipiers qui n'ont pas les mêmes problèmes et sont, souvent, accueillants. Je considère toujours comme des amis certains des membres de ma guilde : parler de n'importe quoi, même sans rapport avec le jeu, de ses études, de sa vie, de ses goûts musicaux ou autres soude vraiment une communauté. Cela dit, les délires en jeu ou les réussites en commun font beaucoup aussi. Ce n'est pas pour rien que la dispersion de ma guilde a concordé avec mon arrêt du jeu. Ce monde provient des autres joueurs dans le cas des jeux en équipe, il provient du produit ou de l'activité dans le cas d'une addiction.
Il y a l'idée que l'activité n'est pas dangereuse : entre se piquer à l'héroïne et jouer à un jeu qui a des présentoirs dans tous les magasins Fnac, qu'est-ce qui vous paraît le plus acceptable socialement ?
Enfin, il y a une notion d'engagement et d'estime de soi : tout joueur se considère comme un bon joueur, et il se dit "si je les lâche, qu'est-ce qu'ils vont faire ?". Il ne peut pas accepter qu'ils recrutent un autre joueur, il n'est quand même pas un produit jetable et remplaçable à souhait. Cette notion n'a pas lieu d'être dans le cas de la dépendance à une drogue, par exemple. Encore une fois : ceci a joué dans mon arrêt du jeu. Quand j'étais dans une guilde que je connaissais, où j'étais pote avec tout le monde, et de mon niveau, je ne pensais pas à arrêter. Quand la guilde a éclaté, j'ai postulé dans une autre guilde de niveau bien supérieur. Bon ben là, je savais tout à fait ce qu'ils allaient faire si je les lâchais : considérer ma candidature comme nulle et non avenue. Et ça a clairement joué dans mon arrêt. Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est une guilde, on pourrait la définir comme un rassemblement de joueurs, partageant des intérêts communs, aimant jouer ensemble, portant le nom de la guilde accolé au nom de leur personnage et disposant d'un canal de discussion commun. En dehors du jeu, la guilde se dote souvent en plus d'un site web, sans entrer dans les détails comme Teamspeak.
Enfin, la dangerosité de la dépendance aux jeux vidéo provient de ses conséquences sociales et psychologiques et uniquement d'elles : pas de risque d'overdose, de maladies ou simplement pour le corps en général comme avec les drogues chimiques ou injectables, pas de risque de MST comme l'addiction au sexe, pas de dangerosité physique comme l'addiction au sport (ou une très faible dangerosité, le coréen qui a joué 36 heures représente un joueur sur 8 millions dans le monde, faudrait peut-être pas généraliser trop vite ). à noter cependant que, comme toutes les dépendances précitées, elle a un caractère très prenant : le joueur joue 6 à 10 heures par jour, quand le cocaïnomane va consacrer une énergie et des moyens considérables à se payer sa dose, le dépendant au sexe va coucher toute la longueur de la nuit et dormir en journée, le workaholic ou l'addict au sport vont se livrer à leur activité des heures durant... C'est ce côté qui cause la désinsertion sociale.
Voilà, je pense avoir détaillé (à fond, même). Pour ceux qui s'interrogent sur mes raisons, elles vont au-delà de la simple participation à la discussion. Quand j'en vois qui trouvent cela aberrant, je leur réponds : non, ce n'est pas aberrant, ça n'est même pas étonnant. Quand le monde autour de vous est en lambeaux et que vous n'avez qu'une seule source de réconfort, pourquoi vous en priver ? Je considère plus les personnes dépendantes comme des victimes à aider que comme des abrutis ou des délinquants. Cela ne signifie pas faire de l'angélisme pour autant, en particulier, on ne peut offrir une solution toute faite au jeune dépendant : il doit participer à sa propre désintoxication, et non en être spectateur. Sinon, ça ne prendra pas. |