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Katrina: trois mois après, macabres découvertes à La Nouvelle Orléans

LA NOUVELLE ORLÉANS (AFP) - Trois mois après le passage du dévastateur cyclone Katrina à La Nouvelle Orléans, des cadavres continuent à être régulièrement découverts, ensevelis dans des habitations en ruine ou abandonnées.

Après l'inondation catastrophique de 80% de la ville en raison de la rupture de digues la protégeant des eaux du lac Pontchartrain, les sauveteurs avaient mis fin à leurs recherches maison par maison le 3 octobre dernier. Le bilan des victimes s'élevait alors à 972 morts.

Depuis, au moins 107 cadavres ont été découverts, certains par les services municipaux, d'autres par des parents ou amis, horrifiés, à leur retour dans la ville qui avait été presque totalement évacuée. D'autres encore l'ont été par des agents d'assurances venus inspecter les dégâts. Les autorités locales se refusent à spéculer sur le nombre de victimes qui pourraient toujours se trouver dans les zones les plus dévastées de La Nouvelle Orléans, en particulier dans la neuvième circonscription, dont une partie sera rouverte aux habitants le 1er décembre prochain. Mais elles s'attendent à de nouvelles macabres découvertes.

"Vous n'avez aucune idée de ce qui vous attend, quand tout ce qui reste d'une maison est un toit par terre", déclare Laura Guccione, une habitante du quartier. Elle était retournée récemment dans la neuvième circonscription pour inspecter les dégâts subis par la maison d'un ami, le trompettiste de "Rythm and Blues" Al Johnson, qui se trouvait en tournée hors de Louisiane le 29 août lorsque le cyclone Katrina avait frappé la ville. Il vit provisoirement dans une maison de retraite de Houston au Texas en attendant de pouvoir revenir.

"Certaines maisons ne sont même plus sur leurs fondations. On voit des escaliers qui débouchent sur le vide. C'est encore plus incroyable qu'au cinéma", dit-elle. Dans les décombres de la maison d'Al Johnson, elle a simplement réussi à récupérer un étui de trompette. Mais il ne contenait même plus l'instrument, simplement trois embouts de trompette. Une grande partie de la neuvième circonscription, l'un des quartiers pauvres de La Nouvelle Orléans, qui avait été noyé sous plusieurs mètres d'eau, n'a toujours pas fait l'objet de fouilles systématiques, et les autorités craignent que l'on y trouve nombre de cadavres, lorsqu'il sera rouvert le mois prochain.

La décision des autorités de l'Etat de mettre fin aux recherches de victimes prise au début du mois dernier, n'a pas été du goût de Jack Stephens, le chef de la police de la paroisse (comté) St Bernard, à l'est de La Nouvelle Orléans. Il souligne que de nombreuses personnes âgées, qui n'avaient peut-être pas pu évacuer leurs foyers, vivaient dans les zones les plus inondées. "Pour les gens, avoir à découvrir l'ampleur du désastre et en plus les dépouilles de proches, disparus, cela ne me semble vraiment pas juste", dit-il.

Dans les bas quartiers de la neuvième circonscription, les pompiers se sont mis à l'ouvrage, en utilisant des chiens pour inspecter les décombres jugés trop instables. Mais il s'agit d'un lent processus car ils ne disposent pas des moyens de recherche de l'armée. Les cadavres découverts sont envoyés dans une morgue temporaire installée dans le centre des conventions de la ville, avant d'être transférés dans un centre d'identification des victimes installé dans la ville de St Gabriel près de Baton Rouge, la capitale administrative de la Louisiane. La tâche est souvent difficile. Beaucoup de familles de victimes se plaignent de certificats de décès inexacts, et plus de 300 corps entreposés à St Gabriel n'ont toujours pas été identifiés, reconnaissent les services hospitaliers.

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