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Auteur
Unité de l'Eglise Catholique: la fidélité à Rome
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Amodeba
Bretagne
  
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Église : Acolyte
Nous a rejoints le : 06 Sept 2004
Messages : 4 687

Réside à : Bzh
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Citation:
Le 2006-02-15 16:17, Akela NDE a écrit
En plus, il y en a des (Ne fais pas l'innocente, tu te reconnais très bien) qui font exprès de me chercher des puces, alors il ne faut pas s'étonner si je mords !




Et non, je ne fais pas exprès de te chercher des puces. Non, je ne pinaille pas sur tout. Comme toi, j'aime que les choses soient claires. C'est pourquoi je reprends ce que tu dis. Et puis, comme tu le dis, si j'applique la charité, et considère que mon prochain est dans l'erreur, je ne vais pas le laisser dans sa gadoue .

Pour la comparaison entre le scandale de la Croix et le scandale de l'unité, tu reconnaîtras quand même qu'elle n'est pas très heureuse.

Citation:
Ils [les anathèmes] sont plutôt du côté de ceux qui, dans la discussion, disent aux autres : «Non, nous ne pouvons vous accepter que si vous reconnaissez que nos innovations sont bonnes !»

Sauf que, "ceux qui disent aux autres", dans le contexte, c'est l'Eglise elle-même... Y a comme un souci, non ? Ne peut-on avoir confiance en l'Eglise ? qui est Une, Sainte, Catholique et Apostolique... Quant aux anathèmes lancés par l'autre partie, qui seraient inexistants... De la part des chefs de la FSSPX, on a quand même des mots forts. Sans parler de certains prêtres, qui y vont fort eux aussi. Faudrait voir à pas se poser en "victime".
____________________
Concernant la Tradition, et ce qui en fait partie... Ce qui m'amuse beaucoup, c'est qu'on parle de la Tradition, en disant à son sujet "ce qui s'est toujours fait". Non et non. La "Messe de toujours" existe depuis longtemps, certes, mais pas depuis toujours. Elle a été codifiée lors du Concile de Trente (ce qui est différent de dire qu'elle a été "créée" ; ce concile n'a fait que codifier ce qui existait déjà). Mais, que je sache, elle a quand même subi de petites évolutions. Qui dit que ces évolutions ont été mauvaises ?
Et la Tradition, me semble-t-il, c'est l'enseignement de l'Eglise depuis le début. Or, cet enseignement n'a fait que se développer depuis le début... Et il y a forcément de nouvelles choses qui sont apparues. Pourquoi ne seraient-elles pas bonnes ?
A ce compte, les protestants seraient plus dans la Tradition que nous, puisqu'ils n'acceptent que l'enseignement de la Bible. Je carricature, mais c'est quand même un peu ça. (et puis ça permet de ne pas rester sur la FSSPX, vu que Bessou avait demandé à ce que le sujet ne parle pas que d'elle).

Concernant l'envoi en mission, et le salut de son âme. Je force le trait, encore une fois. Ne m'en veuille pas, Akela, tu sais que je t'aime bien quand même . Donc, comme dit Manège, on a un peu l'impression que tu dis qu'il faut s'occuper de son salut perso avant de s'occuper de celui des autres. Nous sommes d'accord. "Charité bien ordonnée commence par soi-même", et le Christ Lui-même a dit : aimez votre prochain comme vous-mêmes. Ce qui suppose donc de faire attention à son propre salut. Cependant, tu as l'air de dire que, puisqu'il faut s'occuper de son salut perso, il faut abandonner les autres âmes. Pas très charitable... Encore une fois, je force le trait... Ne m'en veuille pas.
Certes, il ne faut pas se lancer dans la mission sans y être un minimum formé, et surtout, accompagné. Le Christ envoyait ses disciples en mission deux par deux. En outre, cette mission doit être appuyée par la prière. Et surtout, il faut savoir rester humble, et savoir "abandonner" si on sent qu'on perd les pédales, avec l'appui d'un directeur spirituel.

Amodeba
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Baloo15
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Forêt : Forestier
Nous a rejoints le : 22 Fév 2005
Messages : 607

Réside à : Nantes-Versailles
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Les cathos doivent-ils être tradis?

Oui.
Ne devrions-nous pas tous nous reconnaître comme tradis? La Tradition fonde une part essentielle de notre foi. Elle répond aux Ecritures et les Ecritures lui répondent de sorte qu'elle [la tradition] doit être vénérée avec le même sentiment d’amour et de respect que les Saintes Ecritures.

Les cathos doivent-ils être charismatiques?

Oui.
l'Eglise a reçu de nombreux charismes et tous doivent concourrir à annoncer que le Christ est notre Seigneur et notre Dieu. Exercer ces charismes, c'est être missionnaire, ni plus ni moins : c'est ce que nous a demandé Notre Seigneur Lui-même. "Allez dans le monde entier et faites des disciples".

Ceci était un aparté (je peux vous donner les références dans le CEC)

Finalement, le problème qui nous divise le plus est de trouver sur quelle base réaliser l'unité des chrétiens. Sur la tradition? Je suis d'accord mais est-ce suffisant? (Je ne fais que poser la question, je n'ai pas la réponse - merci de m'éclairer). N'y manquerait-il pas une petite pincée de confiance, d'abandon?
Deuxième possibilité : peut-on fonder notre unité sur le roc de la papauté? Sur notre saint-père, successeur de Saint Pierre? (idem, je ne fais que poser la question).
Troisième possibilité : La fonder en Jésus Christ (là, retour à la case départ, tout le monde sera d'accord sur le fond mais pas sur la forme... En plus, n'importe quel hérétique peut continuer à se dire uni en Jésus.) Le dénominateur commun est trop gros, si j'ose dire!

Il est bien entendu que nous devons être fidèles à la Tradition et nous laisser guider par celui que le Seigneur a choisi pour être notre berger. Mais ma question porte sur ce qui pourrait potyentiellement faire le ciment, l'unité des Chrétiens, ici, en ce bas monde.

Akela NDE : "qu'est ce qui prime? L'unité ou la vérité?"

Pourquoi opposer les deux? La vraie unité ne se vit que dans la vérité (mais il me semble que c'est aussi ce que tu dis).
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Musaraigne
Membre familier

Nous a rejoints le : 28 Mars 2005
Messages : 481

Réside à : Versailles (Viroflay)
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Peut-être un premier élément de réponse à ta question Baloo15 concernant l'unité des chrétiens : la prière et l'Eucharistie. Voilà deux dénominateurs communs qui selon moi font de nous chrétiens un ensemble uni que nous appelons Eglise. Et j'y ajoute les sacrements. Prière, Eucharistie et sacrements, voilà ce que le Christ nous a légué, voilà ce qui fait notre unité.

Mais la question reste ouverte, et je ne fais qu'émettre là le fruit de ma propre réflexion. Peut-être que, comme le suggérait Manège, faudrait-il un prêtre pour intervenir sur ce fuseau et guider notre réflexion...
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Akela NDE
Akela

Nous a rejoints le : 01 Avr 2005
Messages : 4 922

Réside à : Dijon
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Bon, je crois qu’il va encore falloir se fendre de quelques explications …
Mais pourquoi diantre me suis-je lancé là-dedans ?

Vous me pardonnerez de ne pas reprendre point par point les remarques que vous me faites, mais c’est un truc à faire un post illisible, et pulvérisant une fois de plus le record du post le plus long (Quoi que je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression que ça va encore être le cas ... ). Je préfère donc tenter une réponse plus construite, en espérant que je n’oublierai rien. Par contre, je serai amené à faire l'impasse sur certains points de polémique que vous soulevez, qui, intéressants en eux-mêmes, ne sont pas vraiment dans le sujet.

NB : Cliquez sur les notes(0) pour y accéder, puis sur [retour] pour revenir au texte.
De même, la table des partiescomporte des liens vers les têtes de parties.
Les titres d'écrits des Papes sont des liens vers ces textes, dont je vous recommande chaudement la consultation.
Et après, y'en a des qui vont dire que je ne fais pas tout pour leur faciliter le travail ...


Reprenons, si vous le voulez bien, les choses au début. Je ne cherche pas à justifier une position quelconque, mais simplement à expliquer deux ou trois choses importantes. Ce message est donc à lire en ayant dans l'idée mes deux précédents.
La question posée est celle de l’unité de l'Église, que nous jugeons évidemment souhaitable, au-delà des divisions entre traditionalistes, diocésains et charismatiques. Cette question est d’une actualité certaine, à l’heure où les journaux d’information générale se font de plus en plus fréquemment l’écho d’un possible rapprochement entre la FSSPX et la hiérarchie ecclésiastique. D’autre part, c’est sur ce point que la question de l’unité est la plus pressante, puisque les expériences charismatiques se font, depuis l’origine(1), en accord avec la hiérarchie : c’est donc sur la question de la FSSPX que porte de façon plus pressante la question de l’unité. Au-delà, se pose la question d’une unité plus grande, entre ce qu’il est convenu d’appeler les différentes sensibilités catholiques -mais c’est presque un problème différent.




I- Comprendre les différentes «sensibilités».


Depuis quasiment les origines, au contraire de l'Église d'Orient qui se caractérise par une abondance de rites variés, l'Église d'Occident présente un visage très unifié. Les quelques particularismes qui subsistèrent ça et là (rite dominicain, rite lyonnais ...) ne se différenciaient de la règle commune que par quelques détails minimes. Ceci étant, l'Église a traversé les siècles, avec des périodes de plus grande piété, alternant avec des périodes de crise, souvent liées à des hérésies (Cependant, il n'y a pas de cycle régulier.).


A/ Un peu d'Histoire : «La» crise, Vatican II et leurs suites.


1) Genèse d'une crise annoncée.


On a ainsi pu observer qu'à l'apogée du Moyen-Âge catholique succéda la crise protestante, qui provoqua l'élan de piété de la Contre-Réforme. Plus tard, suite à la crise janséniste et à la révolution française, le XIXème siècle connut un nouvel élan de piété, qui culmina dans les années 1820-1830 (Année encore imbattue en termes de nombre d'ordinations sacerdotales.) S'ensuivit une période de régression constante de la pratique religieuse, sans doute liée à l'exode rural parallèle à l'industrialisation, et à la progression des «idées nouvelles» anticatholiques : libéralisme, socialisme, anticléricalisme, etc. Les Papes tentèrent donc d'enrayer la progression du mal : ce furent entre autres le Syllabus de Pie IX, et surtout le (Premier) Concile du Vatican, qui fut suspendu en 1870 et jamais repris. S'ensuivit une brève période de reprise, puis la crise moderniste du début du XXème siècle, qui fut réglée par St Pie X, notamment avec sa magistrale encyclique, Pascendi. Cependant, malgré ces arrêts, la déchristianisation continuait à progresser, et les idées nouvelles à gagner même le clergé. À son tour, Pie XI eût l'idée de reprendre le Concile du Vatican, mais s'abstint, constatant que les idées nouvelles étaient si répandues dans l'Église que le remède eût été pire que le mal(2). Cependant, par rapport à ce qui allait suivre, la pratique religieuse à cette époque était encore courante ... Mais la baisse continuait, toujours pour les mêmes raisons, accentuées dans l'après-guerre : le matérialisme gagnant du terrain, la Foi en perdait. Le strict mais saint Pie XII mourut, et un beau jour, son successeur Jean XXIII décida de réunir un nouveau concile(3).


2) Vatican II et ses suites.


Ce fut Vatican II, qui réunit plus de 2000 évêques pendant 3 ans, de 1962 à 1965. Je ne vais pas écrire une Nième histoire de ce concile pastoral : pour ceux que ça intéresse, ils se reporteront à l'excellent ouvrage du Père Wiltgen S.J., le Rhin se jette dans le Tibre (infos ici). Disons simplement qu'on y vit très nettement un affrontement entre deux visions de la religion catholique, la vision traditionnelle, et une vision moderne, progressiste. S'il avait pu commencer comme les autres Conciles de l'histoire de l'Église, il se révéla au final complètement différent : aucune vérité nouvelle ne fut promulguée, pas même le dogme de Marie Corrédemptrice, pourtant très attendu. De même, aucune erreur ne fut condamnée ... Était-ce parce que des pères conciliaires influents les professaient ou s'en sentaient proches ? Certains le soutiennent, et je pense qu'on peut se permettre de le penser (Cf. le Rhin se jette dans le Tibre). D'une interprétation très difficile, et laissant prise à des errements doctrinaux et pastoraux, il doit être reprécisé, comme l'a indiqué notre Saint Père Benoît XVI. Mais le concile n'aurait rien été sans la réforme liturgique qu'il avait prévue ... Et qui en est indissociable.

Cette réforme liturgique aboutit à la publication en 1969 du Novus Ordo Missae, le nouvel ordinaire de la Messe, parfois appelé «Rite Paulin», d'une manière impropre puisqu'il ne se voulait qu'une nouvelle mouture du rite latin. Ce nouvel ordinaire se voulait adaptable, puisque le concile avait remarqué qu'il fallait s'adapter au monde, l'Église étant supposée figée : l'ordinaire de cette messe dite normative fut rédigé par le Père Annibale Bugnini(4). En parallèle, un autre aspect de la réforme, moins connu, consista dans la réforme du bréviaire, qui fut réduit de façon conséquente -l'ensemble des psaumes sont désormais dits sur les trois années liturgiques, alors qu'ils l'étaient avant sur une seule, par exemple. La réforme eut ainsi de multiples autres aspects ... Ses résultats, par contre, furent d'une unité surprenante : partout, catastrophiques. Les couvents et les églises se vidèrent, et les erreurs les plus diverses entrèrent par cette porte grande ouverte : théologie de la libération, modernisme, relativisme ... Sans parler des innovations liturgiques plus ou moins fantaisistes, du syncrétisme religieux ... Tout cela, pourquoi ? Parce que la réforme, intervenue dans un temps de crise, avait envoyé valser tous les repères des catholiques : la doctrine, la liturgie ... et le respect des clercs, qui se perdaient toute leur crédibilité en voulant plaire au monde.


Le concile et la réforme constituent donc l'apogée de cette crise majeure, qu'ils ont contribué à installer car, au lieu de raffermir les positions ébranlées des catholiques, ils les ont sapées en leur proposant des nouveautés dont la valeur n'était aucunement prouvée(5) ... Ce qui provoqua la naissance des «sensibilités» traditionnelle, diocésaine et charismatique (Puisqu'il est convenu de les nommer ainsi.).



B/ Aux origines des «sensibilités», différentes réactions aux réformes.


C'est par commodité de langage que je nommerai ces différents courants des «sensibilités» -au risque de faire hurler certains qui récusent ce terme. En soi, ce ne sont pas des sensibilités, auquel cas il n'y aurait pas de problème ... Je préfère ça, tu préfères ça, nous sommes copains et tout va bien. En réalité, les différences sont plus profondes ... Mais il faut bien un terme, et celui-ci suffira.


1) Dans l'esprit du concile : diocésains et charismatiques.


Les deux premières sensibilités, donc, n'ont pas tellement posé de problème : ce sont les diocésains et les charismatiques. En effet, ils sont, si l'on passe l'expression, «dans la ligne officielle» : pas de problème à accepter le concile et les réformes.

Les diocésains sont les gens qui sont restés dans leurs églises lors de l'adoption des réformes liturgiques, qui ont continué à suivre leurs prêtres sans se poser de questions, ou, bien souvent, qui ont trouvé que ces réformes allaient dans le sens qu'ils voulaient -soit qu'ils les aient souhaitées, soit qu'après coup ils aient été étudier les nouveaux textes et aient décidé d'en appliquer et la lettre, et l'esprit. Le problème étant, justement, que cet esprit n'est pas très clair, et qu'il permet plus qu'il n'indique ... Ce que le Pape déplore aujourd'hui. De ce fait, on compte actuellement à peu près autant de sensibilités diocésaines que de catholiques diocésains (ou à peine moins), des plus proches des traditionalistes aux plus progressistes, professant dans certains cas des doctrines n'ayant rien de catholique (Certains croient à la réincarnation, d'autres s'imaginent que le diable n'existe pas, beaucoup pensent qu'on ira tous au paradis :chante: ...). Il en va de même chez les clercs, et même chez certains évêques. Il y a presque là lieu de parler de foi à géométrie variable, sur le modèle de la liturgie à géométrie variable induite par les réformes.

Les charismatiques proviennent d'un processus différent. Là où les diocésains ne sont que des suiveurs, eux sont des prédécesseurs. L'histoire du mouvement charismatique remonte à l'avant-guerre, mais restera, jusqu'aux réformes, très anecdotique. C'est en effet surtout après 1969 que le renouveau prendra véritablement son envol, ses thèses et ses pratiques se trouvant confortées par la permissivité ambiante, tandis que les autorisations nécessaires à un établissement officiel -quoique souvent ad experimentum- étaient données facilement par un épiscopat acquis à la nouveauté. Je ne pense pas être le mieux placé ici pour retracé l'histoire de ce mouvement, et donc je ne m'y risquerai pas ... Simplement, je conclurai en disant que l'attitude des charismatiques en général est de se situer en amont des réformes ayant suivi le concile, en en poussant la logique jusqu'au bout ... et même plus loin. On en arrive donc, dans certains cas, à des pratiques dont il est fort légitime de douter(6) de la bonté, notamment les attitudes de louange par le «parler en langues», l'expression corporelle (danse, frappements de mains ...) et d'autres supposés charismes très spontanés.


2) L'attitude traditionaliste.


L'attitude qui conduisit d'autre catholiques, tant simples laïcs que religieux, prêtres, ou évêques(7) à choisir de rester traditionalistes, est toute différente. Horrifiés, dégoûtés ou déçus par les innovations issues des réformes de la période 1962-69, ils considérèrent qu'on ne pouvait légitimement les forcer à renoncer à ce qui s'était toujours fait et à arrêter de croire ce que l'Église avait toujours enseigné. C'est donc cette «sensibilité»-là qui correspond le moins bien au terme : il ne s'agit que de continuer comme avant, attitude qui ne peut physiquement pas être déclarée pas catholique -sinon, c'est que les catholiques d'avant 1969 n'étaient pas catholiques ... Auquel cas il y aurait, comme qui dirait, un léger problème ... Les choses auraient pu en rester là, mais c'eût été trop simple : elles se compliquèrent donc. La complication commença en 1976, quand Mgr Lefebvre, ayant des relations tendues avec Paul VI et la hiérarchie romaine, fonda la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et son premier séminaire, à l'intention des nombreux séminaristes(8) qui lui demandaient un geste semblable. Du fait de cette fondation, il s'attira l'ire d'un certain nombre de cardinaux et d'évêques qui n'admettaient pas qu'on puisse douter du bien-fondé des réformes qu'ils avaient mises en place. Néanmoins, la tradition, incarnée à l'époque par la seule FSSPX et par quelques prêtres résistant dans leurs paroisses, de moins en moins nombreux, continuait à progresser, gagnant de nombreux fidèles, soit qui avaient abandonné la pratique suite aux réformes, soit que l'offre religieuse diocésaine ne satisfaisait pas. Sans oublier les couvents plus ou moins résistants, ou ceux fondés par des religieux ayant quitté leur couvent d'origine, acquis aux idées nouvelles (pêle-mêle, Flavigny, Riaumont, le Barroux ... pour ne citer que des bénédictins). La complication progressa encore le 30 juin 1988 : ce jour-là, Mgr Lefebvre, se sentant vieillir, et comprenant (ou s'imaginant(9)) que plus aucun évêque traditionaliste ne serait-là pour conférer les sacrements et guider le troupeau des fidèles vers le salut, et la sortie de la crise, décida de sacrer quatre évêques, ce qu'il fit finalement sans le consentement de la hiérarchie ecclésiastique. S'ensuivit son excommunication, ainsi que celle des quatre évêques (excommunication qui n'équivaut pas, rappelons-le, à un schisme, et qui est discutée(10)).

La raison d'être des traditionalistes, donc, n'est pas forcément leur refus total et complet des réformes ayant suivi le concile -quoi qu'on ne puisse pas condamner quelqu'un qui déclare mauvais quelque chose qui n'a pas été prouvé bon : on peut juger qu'il va un peu vite en besogne, mais tant qu'il ne déclare pas mauvais ce qui a été prouvé bon, il n'y a pas lieu de condamner cette attitude. Leur raison d'être, c'est donc bien plutôt de se maintenir dans la certitude de la vérité, tant au niveau doctrinal qu'au niveau liturgique. Je dirai même que la question liturgique est ici secondaire (du moins dans l'ordre des fins, pas forcément dans celui des moyens !), ce qui importe le plus, c'est la doctrine : les réformes ont ouvert la porte à toutes sortes de nouveautés sur ce plan. Gardant la liturgie et la doctrine traditionnelles, on est sur de ne pas se tromper.


La question, maintenant, est de savoir si l'on peut être sur de détenir la vérité, même en suivant ce qui s'est toujours fait ... Et de savoir quels sont les rapports entre la vérité et l'unité.



II- Vérité et unité : l'Église une, sainte, catholique et apostolique.


La question de la vérité n'est certes pas anodine lorsqu'on considère, ainsi que nous le faisons, des problématiques touchant à la Foi et à la doctrine catholiques. Lorsque deux conceptions s'opposent ainsi, souvent l'une est dans le vrai tandis que l'autre est dans l'erreur -plus ou moins, car dans l'erreur ne peut concerner que quelques détails ... De cette question dépendent toutes les réponses que nous allons pouvoir apporter aux problème de l'unité de l'Église.


A/ «Quid est veritas ?» (Jn, XIX, 38.)


La question posée par Pilate à Notre Seigneur est un symbole : celui du monde qui ne connaît pas la vérité. Pourtant, la vérité, n'est-ce pas ce même Jésus-Christ, qui nous a dit : «Je suis la voie, la vérité et la vie» (Jn., XIV,6) ? Il est important que les choses soient claires à ce niveau.


1) La vérité en elle-même.


Le fait que le monde ne veuille pas connaître la vérité ne signifie pas que celle-ci n'est pas connaissable, bien au contraire. Le relativisme ambiant, qui conduit à proférer des âneries comme cette sentence bien connue qui veut que «la vérité, c'est qu'il n'y a pas de vérité» («y compris celle-ci», rajouteront les Shadocks, mettant un peu de logique dans tout ça ), n'a cependant pas toujours existé. Les philosophes antiques admettaient l'existence d'une vérité, qu'ils recherchaient. D'autre part, les scientifiques savent bien que la vérité existe : les choses sont ce qu'elles sont, et lorsque j'arrive à les concevoir ainsi, je suis dans la vérité. Ce qui nous amène à la définition de la vérité, telle qu'énoncée par St Thomas d'Aquin : c'est l'adéquation de la pensée avec la réalité. Lorsque je pense, si ma pensée correspond à ce qui existe réellement, je suis dans la vérité. Or, il est tout à fait possible de penser quelque chose tel que c'est réellement : si je dis : «cet objet est bleu», et qu'il l'est, je dis la vérité. C'est un exemple simple ... Mais le monde est tellement ennemi de la vérité, qu'il se trouvera toujours un intellectuel(11) pour vous répliquer que non, ce n'est qu'une illusion, et que si ça se trouve en fait il est vert ! S'ensuit la question de savoir si nos sens peuvent ou non nous tromper, à laquelle il faut répondre par la négative, mais qui n'est pas dans notre sujet.

Cependant, ce n'est pas au plan des réalités matérielles que le problème de la vérité est le plus pressant, mais au plan des réalités spirituelles. Comment savoir si ce que je pense est en adéquation avec cette réalité-là ? Cela dépend de la manière par laquelle on raisonne : par un raisonnement sain et juste, il est possible de circonscrire les erreurs possibles, et donc d'accéder à la vérité -tant matérielle que spirituelle. Cependant, si on en reste là, on se limite au plan naturel : s'il est par exemple possible de prouver l'existence de Dieu, il n'est pas possible de prouver la Sainte Trinité. On passe là à la vérité dans la Foi catholique, qui est une question distincte.


2) La vérité dans la Foi catholique.


Lorsque l'on passe dans le domaine de la religion, il est nécessaire d'ajouter une procédure supplémentaire à la démarche de l'intelligence pour accéder à la vérité : l'acte de Foi en lui-même. Il faut cependant le définir. Contrairement à ce que prétendent certains, fort versés dans le syncrétisme religieux, l'acte de Foi n'est pas l'adhésion à une proposition que je reconnais comme possible, ou que je pense la plus probable. Différencions l'acte de Foi du pari de Pascal(12) ... En effet, dire que je suis catholique parce que je pense que le Christ est Dieu, et que ce qu'Il enseigne par son Église est vrai, c'est de fait admettre la possibilité qu'il en aille autrement, même si je ne pense pas qu'il en soit ainsi. Ceci n'est pas un acte de Foi. L'acte de Foi se définit comme l'adhésion totale de l'intelligence à la vérité suprême, dépassant l'intelligence humaine, c'est-à-dire à Dieu(13). Il ne s'agit pas d'un simple reconnaissance de possibilité, selon un processus naturel, mais d'un processus surnaturel. La Foi n'est en effet jamais un pur choix humain, car cette adhésion totale dépasse la nature humaine, mais un don de Dieu.

Cependant, il faut distinguer, dans l'ensemble des propositions qui constituent la doctrine catholique, ce qui est objet de Foi, et ce qui est matière à interprétation plus ou moins large. D'une manière réductrice, on peut dire que seuls, les propositions du Symbole de Nicée-Constantinople (Grand Credo) et les dogmes sont objets de Foi. C'est indéniable qu'ils le sont ... Cependant, le reste de l'enseignement doctrinal de l'Église n'en est pas pour autant sujet à divagations intellectuelles. Ainsi, tout ce qu'un Pape déclare en usant de son infaillibilité pontificale(14) fait partie des vérités de Foi au sens large : qui ne les reconnaît pas n'est pas catholique. D'autre part, les enseignements des Conciles Œcuméniques sont eux aussi objets de Foi : ces enseignements sont marqués par la célèbre formule d'anathème(15), qui n'est en fait pas tant une condamnation qu'un moyen de signifier qu'il faut croire ce qui est enseigné pour être catholique.

En dehors de cela, le reste est ouvert à l'interprétation, et il est permis de tenir des positions contraires à ce qui est communément accepté, la vérité dans ces domaines n'ayant pas encoreété définie par l'Église (Ainsi on pouvait, au XIIème siècle, ne pas croire en l'Immaculée Conception, et on peut encore, de nos jours, ne pas considérer Marie comme médiatrice de toute grâce, et ce sans être hérétique.), ou ne pouvant être définie (Dans les cas où il n'y a pas matière à vérité.). Dans ces cas-là, l'Église peut néanmoins proposer aux fidèles des moyens surs de rester dans le droit chemin. C'est notamment le cas en matière de théologie : la matière reste heureusement ouverte à la recherche, cependant, l'œuvre de St Thomas d'Aquin a été canonisée, c'est-à-dire que l'Église a indiqué aux fidèles qu'ils pouvaient suivre ses enseignements sans risque pour leur Foi. Ce qui n'équivaut pas à condamner les autres positions théologiques ; qui peuvent cependant l'être (par anathème), mais au cas par cas.

Il en va donc évidemment de même en matière de liturgie, où il n'est pas de vérité unique -sinon, il n'y aurait qu'un seul rite pour toute l'Église. Plutôt que de vérité, en liturgie, on parlera de convenance aux yeux de Dieu : une pratique liturgique est bonne si elle Lui plait. L'Église a donc, par souci de fournir aux fidèles une liturgie dont ils seraient sûrs qu'elle plaise a Dieu, pratiqué de la même manière que pour l'exemple de la théologie : elle a canonisé une liturgie, celle que nous appelons la liturgie traditionnelle, la liturgie de St Pie V. En effet, c'est ce Pape qui a indiqué aux fidèles qu'ils pouvaient suivre cette liturgie sans risque pour leur Foi, dans sa bulle Quo Primum(16).


Ceci ayant été posé, il est donc possible de l'appliquer à la question qui nous intéresse, celle de l'unité de l'Église contemporaine.


B/ La vérité, l'Église et son unité.


Il a jusqu'à présent beaucoup été question de l'Église et de la vérité ... Si nous avons du définir la seconde, la notion de la première que nous avons était jusqu'à présent suffisante pour notre propos mais, désormais, il devient nécessaire de préciser quelque peu ce que nous entendons par ce mot. Quand ce sera fait, il sera possible de considérer sereinement la question de l'unité de cette Église, et de ses rapports avec la vérité.


1) L'Église, la vérité, la Tradition, le concile et le raton laveur.


Il en va de certaines réflexions comme des inventaires à la Prévert : elles sont d'une telle diversité qu'il est impossible de les conclure sans un raton laveur ... Car, comme ce petit rongeur, il faut nettoyer chaque notion avant de l'utiliser.

Lorsque l'on parle de l'Église, il faut s'entendre sur ce dont on il est question. Qu'est-ce en effet que l'Église ? L'institution divine ? L'ensemble des évêques, des cardinaux et du Pape ? Tous les fidèles et leurs pasteurs ? Le tout à la fois ? Problème fort complexe, car la nature de l'Église est fort complexe. Ce qui est, au fond, tout à fait normal : à l'image du Christ qui l'a fondée, elle est à la fois divine et humaine. Divine, donc détenant la vérité, et humaine, donc susceptible d'erreur ... Mais non, ce n'est pas absurde :comme son divin fondateur, elle a une double nature. Quelques distinctions sont cependant nécessaires. L'Église est une institution divine, chargée d'enseigner les fidèles et de leur administrer les sacrements, pour les guider vers le salut. Pour cela, elle est assistée par l'Esprit Saint, et bénéficie de l'infaillibilité. Cependant, comme nous l'avons vu, cela ne se fait que sous certaines conditions : elle n'est infaillible que lorsqu'elle enseigne, sur des points touchant à la Foi et aux mœurs(17). Car pour le reste, l'Église est humaine : elle est constituée d'hommes, donc en tant que tels, faillibles. Leurs propos ne sont donc que des propos d'hommes, avec tout ce que cela implique : un évêque, un cardinal, un Pape même, s'il n'enseigne pas revêtu de son autorité, peut tout à fait se tromper. Il peut proférer des erreurs, comme il peut avoir un comportement incorrect : qu'on se rappelle certain Pape de la Renaissance, aux mœurs pour le moins légères ...

Si l'on compare, maintenant, la somme des textes infaillibles émis par l'Église-institution (c'est-à-dire ceux qui le sont explicitement : enseignements revêtus de l'infaillibilité pontificale ou dont la position contraire est anathémisée, canonisations diverses qui forment reconnaissance de la conformité à la Tradition catholique) et la somme des textes et propos émis par les hommes d'Église sans être revêtus des caractéristiques de l'infaillibilité, on remarque que le rapport n'est pas équilibré. Rapportée aux propos des hommes d'Église, les enseignements de l'Église-institution sont même ridiculement peu nombreux ...

Une question qu'on peut se poser, maintenant, est de savoir si le concile Vatican II et les réformes qui l'ont suivi (Cf. supra, I A 2.) se classent dans la catégorie des enseignements ecclésiaux infaillibles, ou dans celle des propos faillibles des hommes d'Église. Si l'on veut bien se remémorer ce qui a été dit précédemment à propos de la vérité dans la Foi catholique (Cf. supra, II A 2), on constatera que ce n'est pas le cas : le concile ne promulgue aucun enseignement(18) nouveau, et ne précise aucune vérité de Foi, comme l'avaient fait les précédents, précision de vérité de Foi marquée par un anathème à l'encontre de ceux qui soutiennent une position contraire. Car ce n'est pas seulement par un souci de paraître positif qu'on ne lança pas d'anathème à Vatican II : aucune vérité n'étant définie, il n'y avait pas lieu de le faire. De même, plus tard, les réformes ne furent-elles en aucune façon revêtues des caractères de l'infaillibilité ... Tout cela ne signifie donc nullement que le concile et les réformes soient mauvaises en eux-mêmes, mais que leur bonté (et donc leur vérité, dans le sens où ils peuvent en avoir) n'est pas déclarée ... Elle est donc laissée à la libre appréciation des membres de l'Église, d'où, encore une fois, la légitimité de l'attitude traditionaliste ... Et celle de l'attitude que nous appelons ici diocésaine, qui décide de suivre les innovations ; voire même la légitimité de l'attitude charismatique, qui en pousse la logique encore plus loin. Pour ces deux dernières, en effet, il n'y a aucun moyen de condamnation : des propositions ont été émises, qu'ils acceptent et mettent en pratique. Et tant qu'elles n'ont pas été reconnues comme bonnes ou mauvaises, d'une façon infaillible, on en restera là : tout est remis à la bonne foi des fidèles et à leur libre appréciation.


2) Contre l'unité, des blocages psychologiques.


Le principal problème, outre ce manque certain de clarté sur la bonté intrinsèque des réformes initiées après Vatican II, vient des blocages des différentes parties en présence, quant au bien-fondé de leurs positions respectives ... Le problème vient en fait des relations entre traditionalistes et conciliaires (diocésains et charismatiques), les seconds ayant, surtout au début, tendance à ne pas reconnaître les premiers : dans la mentalité progressiste, sans aucun doute influencée par les théories sur le sens de l'Histoire (Bien plus répandues à l'époque qu'elles ne le sont de nos jours, comprenons les choses dans leur contexte(19)), la volonté de rester sur les positions antérieures à la réforme dénotait un esprit au mieux sclérosé, et au pire réactionnaire. Par la suite, cette tendance particulière diminua, mais il n'en restait pas moins, bien installée, une certitude d'avoir raison, qui, liée à une perte de repères faisant croire, entre autres, à une infaillibilité des réformes engagées après le concile. Tout cela explique donc les difficultés que connurent les traditionalistes des débuts, et ce jusqu'à la date charnière de 1988.

Les sacres, en effet, tout en fournissant aux traditionalistes les plus entiers des pasteurs pour les conduire, dans la ligne de Mgr Lefebvre, même après la mort de ce dernier(20), furent pour les conciliaires en général une occasion de se confirmer dans leur idée sur le fait que la seule vraie voie possible était la leur, puisque ceux qui voulaient continuer comme avant en étaient réduits à avoir une attitude quasiment schismatique(21). La promulgation du motu proprio Ecclesia Dei permit l'apparition du courant dit, chez les traditionalistes FSSPX, des «ralliés», comprenant notamment la Fraternité Sacerdotale St Pierre : pour eux, l'essentiel était de rester visiblement unis à la hiérarchie ecclésiastique(22), dussent-ils pour cela faire leurs les positions des conciliaires, et considérer officiellement comme bons et véridiques les résultats des réformes issues du concile (Cf. supra, dernier paragraphe du II A 2), ainsi qu'elle le leur demandait.


De l'autre côté, on assista par contre à un phénomène de blocage symétrique (et donc sans doute lié) : les traditionalistes restés FSSPX, qui au début n'avaient que de la méfiance envers la liturgie et la doctrine réformées, se mirent à considérer les résultats des réformes issues du concile, et par la suite, le concile lui-même, comme foncièrement mauvais. Symétrique au blocage conciliaire sur la bonté de ces nouveautés, cette idée est tout aussi symétriquement infondée que l'autre. En effet, rien n'ayant été défini ni canonisé, les résultats doctrinaux et liturgiques des réformes sont donc objet de libre appréciation de la part des catholiques, à qui on laisse le choix de les trouver bons ou mauvais -tout en sachant que ce ne peut être qu'une opinion, et ce jusqu'à ce que le magistère tranche d'une façon infaillible, c'est-à-dire en utilisant son autorité.
Ce phénomène de double blocage psychologique revient, au fond, pour chacune des parties en présence, à ne pas vouloir admettre que l'autre a peut-être aussi raison : les traditionalistes ne veulent pas admettre que les conciliaires ont peut-être raison de penser qu'ils agissent bien, et les conciliaires ne veulent pas admettre que les traditionalistes ont peut-être raison de penser qu'ils n'agissent pas bien. S'y ajoutait, jusqu'à il y a peu, un autre blocage, les traditionalistes étant persuadés que leur attitude était bonne (ce en quoi ils n'avaient pas tort), tandis que des conciliaires soutenaient au contraire qu'elle était mauvaise, la leur ayant remplacé la précédente comme bonne attitude (ce en quoi ils avaient tort) (Cf. supra, I B 2.). Grâce à Dieu, ce second blocage semble bien avoir été dépassé depuis quelque temps, sans doute consécutivement à la pratique issue du motu proprio Ecclesia Dei, et à l'évolution de la pensée de certains prélats conciliaires des plus éminents, à commencer par le Cardinal Josef Ratzinger, notre actuel Saint Père Benoît XVI(23). Le fait qu'il éprouve le besoin de préciser l'interprétation qui doit être faite des textes du concile, et des réformes qui l'ont suivi, est très révélateur sur ce point, et augure d'une perspective plus que réjouissante pour qui tient à l'unité visible de l'Église.


Ne reste donc plus, à l'heure actuelle, que le second blocage à évacuer pour que l'union puisse être totale. Il concerne plus spécifiquement la branche FSSPX de la «sensibilité» traditionaliste, ainsi que les branches les plus radicales de la «sensibilité» conciliaire ... Ce travail, s'il ne s'agit dans le fond que d'un détail, est néanmoins d'une importance certaine, étant donné que, des deux côtés, trop de précipitation pourrait conduire à une rupture des franges les plus extrêmes, qui constituerait cette fois, sans doute, réellement un schisme(24).



Pour conclure, je dirai que «la» crise contemporaine est arrivée a un tournant. Ayant des origines profondément enracinées dans la modernité, après avoir connu une phase ascendante graduée, marquée par les points importants que sont le concile, la réforme liturgique, tentatives sans doute malheureuses de la résoudre, et le problème de la FSSPX, nous en sommes aujourd'hui a un point crucial : soit ce problème se règle, auquel cas l'on pourrait assister au début du dénouement de l'ensemble de la crise (Mais pas encore le départ d'une nouvelle période de grande piété ... Pour celà, il faudra autre chose), soit il ne se règle pas, auquel cas il deviendra au contraire plus aigu, et la crise repartira de plus belle. Pour cette raison, il me semble nécessaire d'aborder ce tournant avec la plus grande prudence, pour éviter que la barque ne verse. Des âmes sont en jeu : non seulement les âmes des fidèles actuels, mais en plus, celles des futurs fidèles, à qui nous légueront une situation de crise, ou prête à la croissance.

Et qui dit prudence, dit nécessairement une certaine lenteur. Nous avons vu que l'unité interne de l'Église n'était pas en question, puisqu'elle est actuellement réelle. Institution divine, corps mystique du Christ, l'Église n'a pas rompu son unité : nulle part, pour le moment, n'y a-t-il de schisme ou d'hérésie(25). La seule unité qui souffre de la situation actuelle est en fait l'unité humaine de l'Église, divisée sur des incertitudes. Il n'y a donc pas l'urgence qu'il y aurait à résoudre une situation potentiellement schismatogène, ce qui serait le cas, par exemple, si la bonté réelle des réformes était définie infailliblement. Les âmes des fidèles souffriraient alors de trop de lenteur, mais dans le cas actuel, elles auraient bien plus à souffrir d'une trop grande précipitation.

L'attitude que nous devons avoir est donc une attitude de confiance en la divine Providence, qui a bien spécifié que «les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre [l'Église]» (Mat., XVI, 18), et une attitude de prière, pour obtenir la résolution de cette crise et le retour à l'unité totale, par l'évacuation des blocages psychologiques des catholiques des différentes «sensibilités», blocages propres, on peut l'espérer, aux générations actuelles. Et quand ce sera fait, de nous éclairer sur la bonté réelle à ses yeux de réformes intentées, on peut le dire, au mauvais moment.


Table des parties.


19
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Notes


1 : L'origine du charismatisme catholique. Le charismatisme est en soi d'origine protestante (pentecôtiste), mais il est passé dans l'Église catholique sans heurt, ni sans que la hiérarchie ne s'élève contre ces expériences -qui au début ne lui étaient pas franchement signalées ... [retour]

2 : Consistoire secret du 23 mai 1923. Les cardinaux se montrèrent opposés à l'idée de la reprise du Concile, à la quasi-unanimité.
Pie XI : «Que pensent vos Éminences révérendissimes de l'opportunité de convoquer un Concile Œcuménique pour poursuivre le Concile du Vatican interrompu en 1870 ?»
Cal Billot : «On ne peut se dissimuler l'existence de divergences profondes au sein de l'épiscopat lui-même. (...) Ne doit-on pas craindre de voir le Concile manœuvré par les pires ennemis de l'Église, les modernistes, qui s'apprêtent déjà (...) à profiter des États Généraux de l'Église pour faire la révolution, un nouveau 1789 ? (...) Craignons de voir s'introduire des procédés de discussion et de propagande plus conformes aux usages démocratiques qu'aux traditions de l'Église.»
Pie XII émit la même idée en 1948, mais devant les sujets proposés par les 65 évêques consultés, il abandonna cette idée, et se chargea lui-même de définir le dogme de l'Assomption et de condamner les erreurs contemporaines dans Humani Generis (Que je vous recommande !). [retour]

3 : le 25 janvier 1959, devant des cardinaux qui ne s'y attendaient pas du tout. Il déclara que ce serait un «spectacle admirable de la cohésion, de l'unité et de la concorde de la sainte
Église de Dieu. (...) Il sera de soi une invitation aux frères séparés.»
D'après certaines sources, Jean XIII était Rose-Croix, mais je ne sais quel crédit accorder à ce genre d'affirmations. :-s[retour]

4 : d'après certaines sources, le Père Bugnini était Franc-Maçon. Affirmation à prendre avec précautions ... Il semblerait qu'on ait néanmoins retrouvé dans une mallette lui appartenant des documents l'établissant ... Il est décédé en 1982. [retour]
5 : on se référera ici utilement aux règles de St Ignace, utilement rappelées par notre ami Oryx . Car elles ne sont pas qu'à comprendre dans le cadre restreint de la direction spirituelle, rapportées à la seule désolation spirituelle : cette attitude est à recommander en général. Certes, St Ignace ne le dit pas, mais en même temps, ce n'est pas son propos ... Si cette règle s'applique à l'âme, c'est parce qu'elle est à appliquer à tous les cas de crise. C'est même une simple question de bon sens : quand ça ne va pas, on continue à utiliser des solutions éprouvées, on ne se lance pas dans des nouveautés qui n'ont pas fait leurs preuves (Sauf en économie, mais on évalue tout de même le risque ... ). [retour]

6 : mieux vaut prévenir que guérir ... Donc, je précise : je ne condamne pas ici ces pratiques (Je peux si vous voulez apporter des arguments à leur encontre, mais ce n'est pas le sujet ici). Ce que je dis, c'est qu'il est légitime d'en douter : on peut se poser des questions dessus, notamment de savoir si ces nouveautés sont vraiment inspirées par Dieu, ou par un autre esprit. La question est ouverte, et ce quels que soient les arguments qu'on puisse apporer, d'un côté comme de l'autre. L'
Église n'a, je le rappelle, donné son accord qu'ad experimentum : accord certes, mais pour voir et se faire une idée. Un charismatique ne peut donc pas dire qu'il est sur d'être dans le vrai ; il ne peut que dire que, de bonne foi, il pense l'être. (Enfin, j'ai prévu de revenir là-dessus ). Ceci dit, il n'y a aucun mal à ça. [retour]

7 : au premier chef d'entre eux, Mgr Marcel Lefebvre. Cependant, il ne faudrait pas se leurrer, ce ne fut pas le seul ... C'était l'un des plus jeunes, des plus combatifs et des plus audacieux, et c'est lui que la postérité à retenu de par son combat de 1976 («été chaud» et fondation de la FSSPX) et d'après, mais il était, au début, loin d'être le seul. Les autres sont, par la suite, soit rentrés dans le rang (et donc suivi ce que nous appelons ici la sensibilité diocésaine), soit morts de vieillesse après avoir tenté de maintenir les choses en ordre dans leur diocèse.
Mgr Lefebvre a bénéficié d'une situation particulière, sans quoi il aurait sans doute fait de même. On consultera avantageusement à ce propos le Marcel Lefebvre, une vie de Mgr Bernard Tissier de Mallerais (Clovis, Paris, 2002, 719 p, 24 €), certes partisan, mais d'un intérêt historique non négligeable. [retour]

8 : pour la petite histoire, il refusa d'abord de le faire, et envoya les premiers de ces jeunes garçons vers le séminaire français de Rome, dont ils revinrent pour intégrer le séminaire de la FSSPX l'année suivante. Parmi eux se trouvait un certain Jean-Yves Cottard. [retour]

9 : là encore, on pourrait en discuter, mais ce n'est pas le sujet. Rappelons simplement que les opposants aux sacres disent que Rome aurait fini par donner le nom d'un prêtre qu'elle aurait accepté comme évêque, et que d'autre part, l'expérience de la FSSP et de l'ICRSP montrent qu'il est possible de trouver des évêques pour conférer les ordres dans le respect des rubriques traditionnelles. De leur côté, les partisans des sacres disent que Rome tentait de faire jouer le facteur temps pour que Mgr Lefebvre meure avant d'avoir un successeur, et qu'elle ne proposait que des candidats non satisfaisants, plus ou moins acquis aux réformes ; ils disent aussi que sans les sacres, il n'y aurait pas de Fraternité St Pierre, et que les évêques que la FSSP et l'ICRSP trouvent pour leurs ordinations d'une part ne sont pas des bergers, mais juste des distributeurs de sacrements, et d'autre part n'auraient jamais fait cela s'il n'y avait pas eu les sacres de 1988. À mon sens, les deux ont raison ; mais il est impossible de faire de l'histoire-fiction et de savoir vraiment ce qui se serait passé si ...
Personnellement, j'ai une attitude vilainement confiante : si Dieu a permis qu'il en soit ainsi, c'est que ce devait être le moyen qu'Il en retire le plus de gloire ... Les voies de Dieu sont impénétrables. [retour]
10 : aïe aïe aïe, je vais encore mefaire taper dessus ... Quelle que soit la valeur de cette excommunication, il n'en reste pas moins qu'elle a été prononcée, mais uniquement à l'encontre des évêques concernés. Ce qui n'équivaut pas à un anathème ou a une déclaration de schisme (Les mécontents iront voir dans les fuseaux qui en parlent.). Cette excommunication est discutée, c'est un fait ... Discutable ou pas, elle est discutée. Quoi qu'il en soit de toutes façons, le Cardinal Castrillon-Hoyos a récemment assuré le supérieur général de la FSSPX, Mgr Fellay, qu'elle serait levée sur une simple demande de sa part. Ce à quoi il se refuse , mais c'est un autre problème. [retour]

11 : de Zénon d'Élée à Jean-Paul Sartre ... [retour].

12 : pour Pascal, l'existence de Dieu, et par là la Foi catholique, sont un pari : je décide de croire en ce qu'enseigne l'Église parce que je pense que ces propositions sont les plus probables. Ce faisant, je ne risque rien, puisque si Dieu existe, la Foi catholique est la bonne et donc j'aurai été dans le vrai, et que s'il n'existe pas il n'y a rien d'autre donc, somme toute, je n'ai rien à perdre. Cette attitude a été condamnée. [retour]

13 : à ce sujet, on consultera utilement le Catéchisme du Concile de Trente, première partie, chapitre II, §1.
«Croire n'est pas ici la même chose que penser, imaginer, avoir une opinion. C'est, selon l'enseignement de nos Saints Livres, un acquiescement très ferme, inébranlable et constant de notre intelligence aux mystères révélés de Dieu. (...) Et qu'on n'aille pas s'imaginer que la connaissance qui nous vient de la Foi soit moins certaine, sous le prétexte que nous ne voyons pas les vérités qu'on nous propose à croire. Si la lumière divine qui nous les fait connaître ne nous en donne pas l'évidence (Comprenez : la preuve démontrée par raisonnement -Note d'Akela), cependant elle ne nous permet pas d'en douter. (2. Cor., 4, 6 et 4.) »
Voire aussi le Compendium du CEC, questions 27, 28 et suivantes.
«[croire en Dieu] signifie adhérer à Dieu Lui-même, en se confiant à Lui et en donnant son assentiment à toutes les vérités qu'Il a révélées, parce que Dieu est la vérité. (...) L'acte de Foi est un acte humain, c'est-à-dire un acte de l'intelligence de l'homme qui, sous la motion de la volonté mue par Dieu, donne librement son adhésion à la vérité divine. En outre, la Foi est certaine, car elle est fondée sur la Parole de Dieu. (...) C'est Dieu Lui-même qui donne à l'homme la lumière de la raison et de la Foi.» [retour]

14 : l'infaillibilité pontificale a été précisément définie dans la constitution dogmatique Pastor aeternus, du 1er Concile du Vatican.
«Le Pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque (...) il définit (...) qu'une doctrine sur la Foi ou les mœurs doit être tenue par toute l'Église, jouit, par l'assistance divine à lui promise en la personne de Saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fut pourvue son Église lorsqu'elle définit la doctrine sur la Foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes, et non en vertu du consentement de l'Église.» [retour]

15 : «Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire Notre définition, qu'il soit anathème», ou bien «Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, osait volontairement mettre en doute ce qui a été défini par Nous, qu'il sache qu'il a totalement abandonné la Foi divine et catholique.», ou encore «S'il en était, ce qu'à Dieu ne plaise, qui eussent la présomption d'avoir des sentiments contraires à ce que nous venons de définir, qu'ils sachent très clairement qu'ils se condamnent eux même par leur propre jugement, qu'ils ont fait naufrage dans la Foi et se sont séparés de l'unité de l'Église.». Ces formules sont équivalentes. [retour]

16 : Bulle Quo Primum, promulguée le 14 juillet 1570. Elle se conclut sur l'«indult de St Pie V» : la possibilité accordée à tout prêtre, à perpétuité, de célébrer librement la Messe qu'il avait codifiée. Ce qui répond d'un seul coup à toutes les objections émises par certains, qui soutenaient que la liturgie de Paul VI avait remplacé celle de St Pie V : il est possible, tout en étant certain de plaire à Dieu, de célébrer la Messe de St Pie V, même sans tenir compte d'aucune des (légères) réformes postérieures à la promulgation de la bulle. [retour]
17 : Et c'est en ce sens qu'il faut entendre l'expression «Église hiérarchique» chez St Ignace, par exemples aux n°170 ou 353 des Exercices, que nous propose Oryx (ici). Les membres de la hiérarchie ecclésiastique, en eux-mêmes, ne sont que des hommes, donc faillibles ... Il ne parle pas de la hiérarchie, mais de l'Église : le sens des mots a son importance. Car même du temps de St Ignace, il y avait des évêques et des cardinaux tenant des positions douteuses sur certains points ... Et lui aurait été assez bête pour leur recommander l'obéissance ? Non, ce qu'il entend par là, c'est l'obéissance aux hommes d'Église parlant en tant que ses membres, et non exprimant leur opinion individuelle sur tel ou tel problème, même si cette opinion individuelle est partagée dans la hiérarchie. [retour]

18 : Vatican II se voulut d'ailleurs explicitement un concile pastoral, et non doctrinal, comme l'avaient été les précédents. [retour]

19 : le sens de l'Histoire est, à l'origine, une idée hégelienne, reprise par les successeur de ce philosophe, et notamment les marxistes. N'oublions pas qu'à cette époque, le Rideau de Fer n'était pas encore tombé et l'URSS semblait installée pour longtemps, les thèses communistes étaient donc beaucoup plus tentantes qu'elles ne le sont maintenant. Nombre de personnalités, y compris les plus intelligentes, se laissèrent gagner par la mentalité, sinon par les thèses marxistes. Encore aujourd'hui, nous en subissons les conséquences, notamment par ce penchant devenu quasi-naturel, et qu'on retrouve partout, pour les oppositions dialectiques. À l'époque, les communistes connaissaient une influence intellectuelle très réelle, soutenue depuis plus d'un demi-siècle sans discontinuer, et volontairement axée dans le sens de la subversion de l'Église, dispensatrice du pire opium du peuple qui soit ... À côté de cette influence de fond, il ne faut pas non plus négliger la subversion active menée par certains communistes et apparentés qui avaient réussi à infiltrer l'Église ou à faire adhérer de ses membres importants à leurs thèses -il ne faut pas se voiler la face, cela ne relève pas que de la théorie du complot. [retour]

20 : survenue le 25 mars 1991. [retour]

21 : je ne reviendrai pas encore une fois sur cette polémique traitée sous tous les angles, et désormais réglée. Si on a pu croire, à l'époque et dans certains milieux, que les sacres du 30 juin 1988 avaient conduit à un schisme de fait, il est désormais avéré que cela n'était pas le cas. La FSSPX est, depuis cette époque, en délicatesse disciplinaire avec la hiérarchie romaine (c'est le moins qu'on puisse dire ... ), mais a continué à faire partie de l'Église. Si ça n'avait pas été le cas, les actuelles négociations auraient eu une tournure toute différente. [retour]

22 : à la hiérarchie ecclésiastique, et non à l'Église hiérarchique ... Ce qui n'est pas la même chose. Cf. supra, note n°17. Il s'agit donc d'une union avec les hommes d'Église, et non avec l'Église elle-même (Celle-ci existant naturellement par le seul fait de rester fidèle à la Tradition.). [retour]

23 : on ne doit cependant pas faire à sa sainteté Jean-Paul II, d'heureuse mémoire, l'insulte d'oublier le travail qu'il a fait dans ce sens, même s'il est moins visible que celui de Benoît XVI : il s'agit d'un travail de fond, dont les fruits se voient justement dans la possibilité qu'a le souverain Pontife actuel de parler aussi librement de ce sujet. [retour]


24 : Deux possibilités :
Schisme d'une partie de la FSSPX, qui refuserait de reconnaître la possibilité de la bonté des réformes, et prendrait argument d'un accord trop vite signé pour conclure que sa hérarchie l'a bradée au prix d'une union de façade, donc fausse. Dans certains cas extrêmes, malheureusement sans doute pas si rare qu'on pourrait le souhaiter, cela pourrait aller de paire avec une réponse négative à la question de savoir si le Pape est bien le Pape, que certains se posent encore, ne restant attachés à l'Église hiérarchique que par l'espoir de voir un jour le Pape déclarer que Vatican II et les réformes étaient une erreur.

Dans le cas inverse, schisme (cependant moins probable) de la frange la plus progressiste des conciliaires, refusant qu'on admette la possibilité d'une erreur dans les réformes et/ou refusant de reconnaître la catholicité des positions traditionalistes. Le problème ici est qu'une telle crise, même n'allant pas jusqu'à la forme d'un schisme, concernerait de nombreux prêtres et évêques. La situation, par rapport à celle que nous connaissons aujourd'hui, serait alors grosso-modo simplement inversée ... Une autre possibilité, impliquant un nombre plus restreint de fidèles et de pasteurs, serait que ceux-ci prennent prétexte de ce qu'ils présenteraient comme la pusillanimité de la hiérarchie ecclésiastique pour pousser plus loin encore les réformes, introduisant plus de collégialité (±démocratie) dans l'appareil ecclésial (qui ne serait plus l'Église), et remplacant le souverain Pontife par une assemblée. Tout aussi fantastique que cela puisse parraître, cette éventualité n'est pas complètement improbable. [retour]

25 : même en admettant, d'une façon purement hypothétique, que les dérives doctrinales et liturgiques issues des réformes du concile, voire même (pourquoi pas !) que le concile lui-même soient déclarés plus tard comme relevant d'une hérésie, ceux qui l'ont professée de bonne foi alors qu'elle n'était pas condamnée, mais qui, si elle l'était, l'auraient abjurée, ne peuvent être considérés comme des hérétiques. On en revient au paradoxe de la croyance en l'Immaculée Conception : avant la proclamation du dogme, il était tout à fait possible de se sauver sans y croire, comme s'y refusaient (si je ne me trompe pas) certains des premiers dominicains ... qui, s'ils avaient vécu en 1854, eûssent certainement abjuré ce qui devint formellement une hérésie par la proclamation du dogme. [retour]
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Je n'ai lu que le I.

Juste un détail la fondation de la FSSPX c'est 1970. 1976 c'est l'anné des premières ordinnations "sauvages" i.e. sans incardination (l'abbé Aulagnier a été ordonné avant mais on lui avait trouvé une incardination).
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En tout cas chapeau pour ce beau boulot de synthèse !

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Le 2006-02-18 19:53, S.E.R. Vincent a écrit

Je n'ai lu que le I.

Juste un détail la fondation de la FSSPX c'est 1970. 1976 c'est l'anné des premières ordinnations "sauvages" i.e. sans incardination (l'abbé Aulagnier a été ordonné avant mais on lui avait trouvé une incardination).

maintenant j'ai tout lu
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Oui, merci beaucoup pour cette synthèse. Mais je ne suis pas d'accord sur tout: Akela NDE tu as une vision des charismatiques qui me parait fausse.

Il faut se méfier des généralités, mais j'ai pu constaté que les charismatiques que je connais ne sont pas du tout dans «une herméneutique de la discontinuité et de la rupture » vis-à-vis de Vatican II. Le chant en langue est loin d'être ma tasse de thé, mais je fais confiance au discernement de l'Eglise qui pour l'instant n'a pas condamné mais plutôt encouragé cf par exemple en ce qui concerne la communauté de l'Emmanuel ici.


Tu justifies la prise de position des "tradis" par un attachement à la "doctrine de toujours". Je partage complètement ce point de vue; mais ils ne sont pas les seuls à s'être opposés à la logique de rupture en s'incrivant en faveur d'une «herméneutique de la réforme »(toujours pour reprendre les mots de notre Très Saint Père).


En ce qui concerne la liturgie, un mouvement de Renouveau Liturgique auquel Pie XII apporta sa part, étant né depuis plusieurs années, il était logique que le Concile se penche sur la question. Néanmoins ce n'était pas la préoccupation principale des Pères Conciliaires, même si les conséquences furent et sont encore fort visible en raison d'une application relevant plus de "l'esprit" que de la lettre.



Mais, indépendamment des questions liturgiques (qui ont leur importance, mais dont on parle bien assez sur ce forum) est ce que je me compromets beaucoup en m'affichant avec tel ou tel qui n'est pas de ma chapelle?
Ce que je regrette, c'est cette tendance que nous avons tous de ne voir en l'autre que la différence et l'erreur sans se demander s'il est de bonne foi.

N'étant pas un écclésiastique important ayant mes entrées à Rome, mon discours est forcément pragmatique.
Ainsi, si nous admettons que l'erreur est considérablement répandue, que bon nombre d'interprétations sont fausse, nous voulons à juste titre aller contre de cela. Mais comment? En protégeant ce qu'il faut sauvegarder! Certes. Mais ce n'est pas suffisant. Si je construis un rempart afin de m'assurer une zone sauve et que je reste derrière ce rempart, alors nécessairement je finis par mourir.
Beaucoup de "didi" sont plein de bonne foi, mais n'ayant pas le réflexe ou le courage de se plonger dans les textes suivent le courant général. Ne faut-il pas aller vers eux? L'une de mes grandes convictions est qu'il faut une ré-évangélisation des chrétiens eux-mêmes.
Concrètement, s'il n'y a pas de lien entre les "cathos qui suivent le courant" et les cathos capables de décrire leur foi, ayant une bonne connaissance de leur catéchisme et conscient de la crise que traverse l'Eglise, nous n'avancerons pas, chancun campé sur ses positions.



Je peux citer des exemples où "l'agir ensemble" est largement possible et sans compromissions:

- Un rosaire pour la vie;

- Une conférence sur un sujet d'actualité, sur un saint ou que sais-je?

- Participation à la vie diocésaine Qui n'est généralement pas très intense en France. Je ne peux pas à la fois demander une reconnaissance et une bienveillance plus grande du diocèse si je ne fais pas l'effort de participer à cette vie du diocèse.;

- Processions communes;A titre d'exemple, citation de Monsieur l'abbé Loiseau, curé de Saint-François de Paule à Toulon (in la revue Oremus). Pour la Fête-Dieu, par exemple, les paroisses du centre de Toulon nous ont demandé d’organiser avec elles une procession autour du port.

- prendre une part active à la nouvelle évangélisation;

- ...
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Citation:
Le 2006-02-18 23:19, Bessou a écrit
Ce que je regrette, c'est cette tendance que nous avons tous de ne voir en l'autre que la différence et l'erreur sans se demander s'il est de bonne foi.



SIC

Citation:
Le 2006-02-18 23:19, Bessou a écrit

Concrètement, s'il n'y a pas de lien entre les "cathos qui suivent le courant" et les cathos capables de décrire leur foi, ayant une bonne connaissance de leur catéchisme et conscient de la crise que traverse l'Eglise, nous n'avancerons pas, chancun campé sur ses positions.

Je peux citer des exemples où "l'agir ensemble" est largement possible et sans compromissions:

- Un rosaire pour la vie;

- Une conférence sur un sujet d'actualité, sur un saint ou que sais-je?

- Participation à la vie diocésaine Qui n'est généralement pas très intense en France. Je ne peux pas à la fois demander une reconnaissance et une bienveillance plus grande du diocèse si je ne fais pas l'effort de participer à cette vie du diocèse.;

- Processions communes;A titre d'exemple, citation de Monsieur l'abbé Loiseau, curé de Saint-François de Paule à Toulon (in la revue Oremus). Pour la Fête-Dieu, par exemple, les paroisses du centre de Toulon nous ont demandé d’organiser avec elles une procession autour du port.

- prendre une part active à la nouvelle évangélisation;


Mais qui te dit que l'on essaie pas de le faire ?
De plus certaines chapelles tradis sont assez débordées par ce qu'elles font ( catéchisme, écoles, conférence ) pour ne pas avoir en plus à prévoir des activités avec le diocése !
en plus il faut tenir compte des diocèse :

- le mien ne se prete pas à des processions
commmunes car il y en a pas , et on essaie tant bien que mal d'en faire partir une on se reçoit des tolés !

- il y a une très grande majorité de tradis aux prières publiques car les "didis" trouvent que cela ne sert à rien, que c'est de l'activisme etc etc : bref des tièdes !

- participation à la vie diocésaine ? Arf arf ! la Chapelle que l'on nous prête " généreusement " est mis au banc du diocèse ! S' ils avaient le droit de nous balancer des patates ils le feraient !!

- quand à la nouvelle évangélisation, je pense que de ce coté on ne peut pas trop accuser les tradis de pas le faire becose on se débrouille même pour essayer d'évangéliser " les chrétiens eux mêmes " !!!

Sur ce, je suis d'accord : évangélisation bien ordonné commence par soi-même ...

En union de prière .

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Bon... Moi aussi, j'ai tout lu. Et deux fois.

Quelques questions et remarques, Akela, par rapport à certains points que tu évoques.
1 La vérité dans la Foi Catholique. Tu évoques les vérités de Foi que tout catholique doit croire, comprises dans le Credo et les dogmes. Que je sache, le Credo n'a pas fait l'objet d'un remaniement, ni les dogmes d'une annulation. L'Eglise officielle n'a pas rejeté ces éléments de Foi. En quoi donc, a-t-elle "arrêté de croire ce que l'Eglise avait toujours enseigné" ? En quoi "la doctrine traditionnelle [a-t-elle été] abandonnée" ?
Le CEC est-il hérétique, ainsi que le Compendium ? Je sais que le CEC comporte certains paragraphes sujets à caution, mais, tout comme le Concile Vatican II, ne doivent-ils pas être lus à la lumière de la Tradition, comme le reconnaît Mgr Fellay* ?

2 Tu dis que "le Concile Vatican II est laissé à l'appréciation des fidèles", et que l'attitude traditionaliste comme l'attitude des non-traditionalistes est légitime. N'y a-t-il pas un manque de confiance en l'Eglise, et en son Magistère de la part des traditionalistes ? Car le Concile Vatican II fait partie du Magistère, quand même. Ce n'est pas rien qu'une assemblée de tous les évêques...
L'Eglise est Sainte, parce que d'institution divine, tu l'as rappelé. Elle est aussi composée d'hommes pécheurs. Tu évoques le problème des "luttes d'influences" au sein de ce Concile. Mais ce n'est pas le seul Concile où ça ait eu lieu. Ne devons-nous pas faire confiance en l'Eglise de Dieu ?

3 Tu parles des "blocages psychologiques propres aux générations actuelles". Je ne pense pas que ce soit spécifique à notre époque. St François d'Assise n'a pas dû plaire à tout le monde, avec son idéal de Pauvreté dans un monde de riches ! Je crois, moi, que dès lors qu'on se reconnaît dans un groupe particulier (tratras, didis, chachas), on estime forcément être dans le "meilleur", qu'on l'ait choisi à la base volontairement, ou qu'on en fasse partie depuis son enfance ou presque. Si on est dans le meilleur, il s'en suit que les autres "sensibilités" sont forcément moins bonnes. C'est humain.

4 Ce n'est pas le sujet ici, mais pour la n-ième fois, qu'ils [les fidèles] réalisent le grave devoir qui est le leur de rester unis au Vicaire du Christ dans l'unité de l'Eglise catholique et de ne pas continuer à soutenir de quelque façon que ce soit ce mouvement. Nul ne doit ignorer que l'adhésion formelle au schisme constitue une grave offense à Dieu et comporte l'excommunication prévue par le droit de l'Eglise. (extrait du Motu Proprio) c'est pour qui, à ton avis ? Il y a déjà moult sujets traitant de cet aspect dans le forum tradition, mais il me semble un peu "léger" de dire qu'il n'y a pas d'excommunication pour Mgr Lefebvre et les 4 évêques qu'il a sacrés. Sans compter les fidèles qui ont choisi librement de suivre le mouvement de Mgr Lefebvre.

Amodeba
______________
* voir réponse à la question : Mais quelles conditions pose Rome par rapport au Concile Vatican II ?
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